Le pragmatisme

Le pragmatisme

Dans le langage courant, le pragmatisme désigne l’attitude d’une personne qui se soucie essentiellement d’efficacité.

Le pragmatisme est l’un des rares termes de la langue courante qui provienne de la philosophie.

C’est le philosophe et psychologue américain William James (1842-1910) qui a diffusé auprès du grand public ce qu’il a appelé la méthode pragmatique.

James analyse l’histoire de la philosophie comme un conflit entre deux tempéraments opposés : rationalistes vs empiristes [1]. Et il propose un système objectif pour dépasser ce conflit et approcher la vérité de façon pratique : le pragmatisme.

Son livre “Le pragmatisme”, considéré comme l’un des textes majeurs de la philosophie américaine, présente cette méthode.

De nos jours, de nombreux artistes, entrepreneurs et investisseurs à succès déclarent se sentir proches du courant pragmatique. L’attitude “soyons pratique” leur convient mieux que la méditation philosophique et les débats sans fin.

Dans cet article, vous découvrirez les principes philosophiques de ce système de pensée basé sur l’action.

Qu’est-ce que le pragmatisme ?

Le mot “pragmatisme” provient d’un mot grec qui signifie “action” et qui a donné naissance au terme “pratique”. C’est le philosophe Charles Peirce qui l’a utilisé pour la première fois dans un article intitulé “comment rendre nos idées claires” en 1878.

Dans cet article, Peirce soulignait que nos croyances sont en fait des règles pour l’action; en conséquence, pour faire apparaître la signification d’une pensée, il faut déterminer quelle conduite elle peut induire.

William James a proposé la définition suivante pour le pragmatisme :

La méthode pragmatique vise à interpréter chaque notion en fonction de ses conséquences pratiques.”

Ainsi, selon cette méthode, si deux croyances considérées comme différentes ne comportent aucune différence dans la pratique alors elles seront dites équivalentes. Car, pour le pragmatisme, une différence dans le domaine de la vérité abstraite doit se traduire par une différence dans un fait concret.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, des effets différents impliquent donc des causes différentes. Aussi, de même, si deux pensées considérées comme équivalentes conduisent à des résultats pratiques différents alors elles seront dites différentes.

Le message principal du pragmatisme est donc qu’une idée n’a pas de valeur de par sa formulation ou bien en tant que telle; la valeur d’une idée est fonction de ses conséquences dans la pratique [2].

La conception pragmatique de la vérité

“Le seul critère d’évaluation de la vérité [pour le pragmatisme] est de voir ce qui marche le mieux pour nous guider.” – William James.

James, qui était philosophe mais aussi psychologue, considère les vérités comme des productions humaines de l’esprit. Il souligne que la vérité s’exprime par le langage qui est lui-même une construction humaine. Il en déduit que la vérité absolue (celle que l’on dit éternelle et universelle) n’est donc pas accessible à l’humain. Seules les vérités générales lui sont accessibles. [3]

C’est pour cette raison que le pragmatisme ramène les croyances à leur réalité matérielle. Pour un pragmatique, la seule raison d’être d’une croyance c’est l’action.

James rappelle qu’il est important d’accéder à la vérité car des croyances vraies donnent de meilleurs instruments pour l’action. Le devoir d’accéder à la vérité se justifie ainsi pour d’excellentes raisons pratiques.

Pour James, une croyance est vraie lorsqu’elle fonctionne. Cela veut également dire qu’elle n’est vraie que durant le laps de temps durant lequel elle fonctionne.

Quand le réel change – et qu’une croyance ne passe plus le test de vérification de la réalité (soit quand elle devient inutile ou qu’elle cause des soucis) – le pragmatique change sa croyance pour l’ajuster à la nouvelle situation. James concède que ce n’est pas facile car :

  • Nous avons tendance à prendre nos croyances pour des vérités;

  • Une fissure dans l’édifice de nos croyances peut parfois remettre en cause plusieurs autres croyances liées donc notre esprit fera de la résistance (protection du besoin de cohérence intellectuelle). [4]

Au final, dans le modèle pragmatique, le but de la pensée c’est de comprendre le monde afin de s’y adapter le plus efficacement possible. Les pragmatiques appellent quête de la vérité ce processus permanent de réadaptation de nos croyances à la réalité.

Notes

[1] James oppose notamment les deux visions du monde ci-dessous. Visions qu’il assimile à des tempéraments (dans le sens où nos idées sont le produit de notre sensibilité et non pas l’inverse).

[2] “La méthode pragmatique est avant tout une méthode de résolution des débats métaphysiques qui sans cela seraient interminables. Le monde est-il un ou multiple ? Est-il soumis à la fatalité ou bien est-il libre ? Est-il matériel ou spirituel ? Chacune de ses notions est plus ou moins valables pour rendre compte de l’univers et donne lieu à des discussions interminables. En l’occurrence, la méthode pragmatique vise à interpréter chaque notion en fonction de ses conséquences pratiques. Quelle différence y aurait-il en pratique si telle notion plutôt que telle autre était vraie ?” – William James.

[3] “Le monde est ce que nous en faisons. Il est vain de le définir par ce qu’il fut à l’origine ou par ce qu’il est en dehors de nous-mêmes.” – Schiller (cité par James).

[4] James compare l’intégration de la nouvelle croyance dans notre système de pensée à l’étalement d’une tâche de graisse dont on essaie de limiter l’étalement autant que possible.

Pour aller plus loin : Lire le livre “Le pragmatisme” de William James.

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