The Biggest Bluff : 3 principes clefs pour mieux gérer l’incertitude

The Biggest Bluff : How I learned to pay attention, master myself and win

“Parier sur l’incertitude est l’une des meilleures façons de la comprendre.” – Maria Konnikova.

Comment se préparer pour prendre les meilleures décisions dans les situations d’incertitude ?

Maria Konnikova est une journaliste qui a décidé de répondre de front à cette question. La détentrice d’un PhD en psychologie s’est lancée dans un défi pour passer de la théorie à la pratique : se préparer durant un an pour jouer les championnats du monde de poker.

Pour se donner les meilleures chances de réussite, elle a contacté Erik Seidel (l’un des champions du monde de poker). Elle lui a dit qu’elle n’avait jamais joué au poker et qu’elle partait donc de zéro. Seidel s’est montré intéressé par son profil original (orienté psychologie) et il a accepté de la coacher pour son aventure poker d’un an.

Le livre “The Biggest Bluff : how I learned to pay attention, master myself and win” raconte cette aventure. Plus qu’un livre de poker, c’est un livre sur la prise de décision.

Dans cet article, vous découvrirez quels sont, selon Maria Konnikova, les trois principes clefs pour prendre de meilleures décisions en situation d’incertitude.

Maria Konnikova a gagné son pari : elle a remporté un tournoi international de poker de haut niveau.
Principe #1 : Identifier sa zone de contrôle (distinguer la chance de la compétence) pour y focaliser son attention et ses efforts

“Je veux que tu fasses de ton mieux pour oublier le résultat.” – Erik Seidel.

Dans les années 1970, un psychologue avait remarqué une différence psychologique entre ceux qui ont du succès et ceux qui n’en ont pas. Il s’agit du lieu de contrôle.

Le lieu de contrôle désigne le degré de responsabilité que chacun pense avoir sur sa vie. La personne qui a un lieu de contrôle interne se sent responsable des évènements qui lui arrivent. Ce mindset actif conduit généralement à un bien-être mental et à plus de succès. Ceux qui ont un lieu de contrôle externe (mindset passif) pensent que leurs actions n’ont pas tant d’importance que cela. Ils sont plus enclins à la dépression et ont une attitude fataliste.

Celui qui a un lieu de contrôle interne se fixe des objectifs qui dépendent de lui. Il se lance dans une activité, non pas avec l’objectif de gagner (zone externe d’incertitude), mais avec celui de faire de son mieux (zone interne de contrôle). Il se donne ainsi les moyens de progresser efficacement et il gagne en sérénité en faisant sa satisfaction dépendre uniquement de ses actions.

Au début de son parcours poker, Maria Konnikova racontait ses bad beats (les coups où elle a eu de la malchance) à Erik Seidel. Mais Erik lui a répondu qu’il ne voulait pas qu’elle lui parle du résultat de la main (les cartes qui sortent c’est le hasard). Il voulait uniquement qu’elle lui parle des décisions qu’elle avait prises, soit de sa zone de compétence.

Maria a alors appris à focaliser son esprit sur ce qu’elle contrôlait. Elle a abandonné le mindset de la personne qui se plaint de la malchance. Et elle s’est mise à analyser uniquement ses décisions – aussi bien sur les tables de poker que dans la vie.

Principe #2 : Comprendre et retenir les leçons de la défaite

“Es-tu capable de te contrôler et de bien jouer lorsque tu perds ?” – Dan Harrington (joueur professionnel de poker).

Le poker ne peut pas être appris uniquement en étudiant la théorie. Pour apprendre à jouer et pour progresser, il faut beaucoup pratiquer. Erik Seidel compare l’apprentissage du jeu à celui d’une nouvelle langue.

Souvent, lorsqu’un joueur gagne un gros tournoi de poker, il attribue son gain uniquement à ses compétences [1], sans prise en compte de la part de chance. Son manque d’objectivité fait qu’il n’étudie plus son jeu. Et généralement, c’est le début de la chute. De nombreux joueurs deviennent broke (ils perdent tout) car les grosses victoires leur montent à la tête et troublent leur jugement.

Dans les domaines d’incertitude, le meilleur enseignant est la défaite [2]. La défaite vous amène généralement à interroger vos décisions et à réfléchir sur ce qui ne va pas. Elle vous ouvre l’esprit en vous obligeant à rentrer dans une zone d’inconfort. “Moins de certitudes, plus d’interrogations” est l’un des conseils qu’Erik Seidel répétait souvent à Maria Konnikova.

Apprendre à gérer ses pertes et savoir maîtriser son attitude face à la défaite sont donc des critères essentiels pour affronter l’incertitude. Il faut savoir rester calme et garder la tête froide pour analyser objectivement ses décisions durant ces moments difficiles.

Principe #3 : Etre attentif

Parfois c’est la main que l’on ne joue pas qui fait gagner le tournoi.” – Maria Konnikova.

Maria Konnikova remarque que l’une des phrases de Pasteur est rarement citée en entier. “Le hasard favorise les esprits préparés” est en fait “dans les champs de l’observation, le hasard ne favorise que les esprits préparés“.

Selon elle, une personne n’est pas chanceuse parce que des bonnes choses lui arrivent; une personne est chanceuse parce qu’elle est attentive lorsqu’elles se produisent. Il est donc essentiel d’apprendre à contrôler son attention.

Richard Wiseman est un scientifique qui a mené une expérience pour analyser les facteurs qui différenciaient les personnes qui se disaient chanceuses par rapport à celles qui se considéraient malchanceuses.

Il a constitué un échantillon. Il leur a donné un journal et il leur a demandé de compter le nombre de photographies qu’il contenait.

Ceux qui se disaient malchanceux ont pris beaucoup plus de temps pour compléter la tâche que les “chanceux”. La raison ? A l’intérieur de la page n°2, Wiseman avait donné la réponse ; il avait écrit “arrêtez de compter : il y a 43 photographies dans ce journal”.

Les “malchanceux” étaient tellement concentrés sur l’objectif (compter toutes les photos) qu’ils n’ont pas fait attention à l’information. Les “chanceux” avaient l’esprit suffisamment ouvert pour observer l’information et en tenir compte. Ainsi, la “chance” apparaît avant tout comme une question d’attention.

Selon The Biggest Bluff, l’attention doit être accordée aussi bien avant le jeu que pendant le jeu. Vous devez être attentif dans votre sélection du jeu : jouez uniquement les situations qui vous sont favorables. Et également durant le jeu : récoltez un maximum d’informations (des reads) pour renforcer votre avantage (votre edge).

Enfin, soyez également attentif à l’image que vous renvoyez car c’est de celle-ci que dépendront les actions des autres.

Le mot de la fin

Les trois principales leçons pour avancer au mieux dans les activités qui comportent de l’incertitude :

  • Identifiez votre zone de contrôle;

  • Apprenez des feedbacks du terrain (notamment des défaites);

  • Soyez attentif.

Et quel est, selon la journaliste, le plus grand des bluffs dans tout cela ? Dans une activité incertaine, quelque soit votre niveau de compétence, la chance sera toujours un facteur important. Apprenez à vous y exposer pour en bénéficier; mais apprenez à la distinguer pour prendre de meilleures décisions en donnant votre maximum sur votre zone de contrôle.

Notes

[1] “Quand la chance est de notre côté, on ne la voit pas, elle est invisible. Mais quand la malchance s’en prend à nous, nous réalisons son pouvoir.” – Maria Konnikova.

[2] La victoire peut également être un bon enseignant pour celui qui étudie objectivement ses décisions après coup.

Pour aller plus loin : Lire le livre “The Biggest Bluff : how I learned to pay attention, master myself and win” de Maria Konnikova.

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